Jour 7 – Le droit et le devoir

Jour 7

Ils étaient encore nombreux hier à se promener dans la ville. Sur les secteurs où je circule, je n’ai pas arrêté de voir du monde dehors. Il y avait des enfants. Si pour la majorité d’entre eux, ils étaient accompagnés de leurs parents, j’en ai vu également qui était seul et livré à eux-mêmes. Cela peut paraître fou, mais cela est logique.

Pour beaucoup, la menace n’est pas réelle. Tant que l’entourage n’est pas touché par l’épidémie, le virus n’existe pas. C’est de l’inconscience, me direz-vous. Sans masques, sans aucune protection, sans aucun sens du devoir…

Nous avons des droits, mais nous avons également des devoirs. Mais dans une société de droit, il est toujours plus facile de voir ce qui nous est agréable plutôt ce qui nous restreint. Nous aimons cette liberté dans toutes ses formes, nous aimons la clamer à qui veut l’entendre. Mais la liberté, ce n’est pas faire n’importe quoi. La liberté, c’est avoir conscience de ses droits et ses devoirs et de connaître quel est son champ de possibilités. L’article 4 de la constitution des droits de l’homme de 1789 stipule que : « La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui. Ainsi, l’exercice des droits naturels de chaque homme n’a de bornes que celles qui assurent aux autres membres de la société la jouissance de ces mêmes droits. »

Nous connaissons tous ce texte, beaucoup le citent, le clament et le réclament. Cette prose qui est le fondement de notre société, n’est connu que pour son article premier. Je me souviens encore de mes cours d’instruction civique lorsque j’étais encore un jeune écolier. Je me souviens encore de mon appel sous les drapeaux et qui me donna la chance de ne jamais connaître le chômage lorsqu’un adjudant-chef m’annonça que j’allais dans la section transport et que j’allais devoir passer mes permis du groupe lourd pour les besoins du régiment. Mais je me souviens également de ce premier week-end bloqué a la caserne et de cette allocution présidentielle qui annonçait la fin du service militaire obligatoire. Les générations se sont succédé, et au fur et à mesure, les devoirs ont été oubliés…

Alors lorsque reviennent les temps sombres, devant le devoir à accomplir, on se retrouve un peu gêné. Toutes les erreurs reviennent, mais je n’ai pas envie de monter sur la place publique pour réclamer la tête d’untel ou d’un autre. Si hier j’écrivais que le temps était à la réflexion et l’anticipation, le temps de la réconciliation est également là. Mais pour se retrouver tous ensemble autour d’un même projet, le devoir de mémoire est de rigueur. Ne jamais oublier les erreurs passées, car reproduire deux fois la même erreur, cela ne s’appelle pas une erreur, mais un choix !

« Soyons fou ! Soyons audacieux ! » comme disait Steeve Jobs. Afin que notre société future puisse se reconstruire après une si dure épreuve, osons écrire une seconde colonne. Si les droits de l’homme ont été écrits il y a un peu plus de deux siècles, puisque le roi est de retour (Car « Corona » signifie bel et bien « Couronne »), alors je pense qu’il est grand temps que nous écrivions ensemble « les devoirs de l’homme et du citoyen », texte qui peut s’ajouter en complément de celui de 1789. Et je dis bien NOUS, car ce genre d’écrit ne peut se faire seul…

©Stéphane Lévêque – 22 mars 2020
Illustration: Canal +

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