Jour 42 – La soif de l’or

Jour 42,

En ce moment, où notre société de consommation semble s’effondrer, assis sur mon canapé, je n’ai pas besoin d’allumer ma télévision. En surfant simplement sur les réseaux sociaux et internet, j’assiste à la foire d’empoigne économique et virtuelle. Les économistes font leurs analyses et leurs prédictions, la vente en ligne coule actuellement des jours heureux, les cagnottes afin d’aider les commerces fleurissent un peu partout et une nouvelle forme commerciale commence à se développer.

Le marketing de réseau, c’est un terme barbare que j’ai découvert depuis peu. La première fois que l’on m’en a parlé, je suis resté sceptique. Le principe était de me parrainer afin que je découvre des produits et que je devienne moi-même consommateur. À partir de là, j’entrai dans la structure. La personne m’ayant parrainé était récompensée, et à mon tour en parrainant, j’étais récompensé. Prime, intéressement sur les transactions directes mais également sur les ventes de nos filleuls, le système semblait complexe et surtout lucratif.

En voyant, cela, je me suis offusqué. Dans ce principe de fonctionnement, je ne voyais qu’un système pyramidal, alimenté par la base qui effectue ses achats et ses ventes, récompensé par un ruissellement qui vient du sommet. Si au départ, je voyais cela comme une arnaque, je comprenais également la stratégie d’une firme américaine qui voulait vendre et surtout développer à l’international ses produits cosmétiques et bien-être. Mais nous ne sommes pas dans une période normale, nous sommes au cœur d’une anomalie temporelle. Le pétrole s’est effondré, les frontières se sont refermées, les dettes sont en train d’exploser, l’offre et la demande s’étant modifiée, une grande question déontologique se pose.

Un bouleversement inédit s’annonce à l’horizon, chaque pays renfermé sur lui-même, fera primer les produits fabriqués sur son territoire. De plus, avec une telle crise, la consommation s’orientera sur la première nécessité. Les deux premiers échelons de la pyramide de Maslow (Voir article précédent) sont les besoins de se nourrir et d’assurer sa protection. Si on peut condamner ce fonctionnement d’un point de vue éthique, si on se met à la place du chef d’entreprise, l’instinct de survie commercial se comprend. Vouloir continuer de produire, de vendre, de créer des emplois, c’est le credo d’un entrepreneur et cela je peux se comprendre.

Hier, j’ai été démarché de la même façon, sur un autre produit, concernant cette fois-ci le secteur du tourisme. Dans les grandes lignes, j’ai reconnu le même principe, le parrainage, un système de points. Bref… Le même schéma ! Mais en écrivant ces quelques lignes, j’arrive à saisir ce qui se dessine à l’horizon. Une guerre ni chaude, ni froide entre l’Amérique, l’Asie et l’Europe. C’est le principe du triangle de Karpman (persécuteur, victime et sauveur) qui se prépare pour les prochains mois. Qui sera le Bon ? Qui sera la Brute ? Qui sera le Truand ? Devant un tel spectacle, la Russie, l’Angleterre et le reste du monde arbitreront ce duel à trois qui risque d’être très cruel…

Texte : ©Stéphane Lévêque – 26 avril 2020

Illustration : Le bon, la brute et le truand – Sergio Leone

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