Jour 269 – La spirale (Épilogue)

Heureusement que le ridicule ne tue pas. Si cela avait été le cas, celui-ci aurait fait plus de ravage que le virus dans les sphères médiatiques et politiques. L’effet tragique que nous avons eu durant la première saison du mois de mars s’est transformé en illusion tragi-comique pour cette seconde saison du mois de novembre que je n’ai pas du tout aimé. Combien de morts ? Combien de familles ayant perdu des proches ? Combien de faillites et de licenciements ? D’établissements fermés car on les a désignés comme n’étant pas essentiel pour la communauté ? Et puis, il y a la culture qui se retrouve désormais en friche. Elle qui pourtant est essentielle à notre équilibre psychologique, elle fut, elle aussi, jetée dans la fosse commune.

Il n’y a pas pire prison que celles qui n’ont pas de barreaux. On s’est retrouvé enfermé par la force des choses, le virus semblait circuler à une vitesse vertigineuse. Mais en fait, on s’est tous trompé. À force de se retrouver dans l’attente, enfermé alors que nous n’avions rien à nous reprocher, celui-ci s’est installé partout. Il est entré dans nos têtes, s’activant avec nos peurs, il frappait là où cela faisait le plus mal. Oui, nous l’avons tous eu. Même moi, mes symptômes se sont manifesté au mois de septembre appuyant sur mes angoisses les plus intimes, provoquant ainsi une maladie que l’on appelle « burn-out »

L’enfer me ment. Je ne pouvais plus vivre avec ces vieux démons du passé et je devais m’en libérer. Je les ai exorcisés grâce à l’aide d’une diablesse qui n’attacha que l’importance du fait que j’apprenne le détachement. C’est ce que je fis, je devins alors un maître de distance et me suis détaché petit à petit, enlevant l’une après l’autre, ces taches de noirceurs qui s’étaient agglomérées dans mon âme. Au fur et à mesure que je me libérais, de nouvelles opportunités s’offraient à moi. Le mois de novembre fut décisif, ce fut la libération sur le plan professionnel d’un nouveau travail que je voulais faire depuis des années.

C’est à ce moment que nous nous sommes séparés avec la diablesse. Sans larme, sans tristesse et surtout sans rancœur. Nous avions passé de bons moments ensemble et il était désormais temps que nos chemins se séparent. Une séparation est toujours un moment particulier, c’est à ce moment que certaines peurs pouvaient revenir. La dernière peur se dévoila à moi. Ce n’était pas la peur de la mort, c’était l’autre… Celle de l’Amor ! La peur d’aimer peut surprendre à la première vue. Mais elle est en chacun de nous. L’amour que l’on cherche se trouve au plus profond de nous-même. Il est là, mais n’osant pas le regarder en face par sa lumière aveuglante, on le cherche ailleurs.

J’ai ouvert mon cœur encore plus grand. Tout viendra au bon moment. Alors, j’ai arrêté de courir et c’est à cet instant que j’ai savouré et que j’ai compris que je venais d’arriver à mon but.

C’est bientôt la nouvelle lune et un vent de liberté s’est mis à souffler. Avec ma plume, allégée de tout métal, les conditions sont idéales afin que je prenne mon envol. En plus, les étoiles se sont alignées une fois de plus. J’ai jeté l’encre ainsi que tout mon attirail d’alchimiste afin de ne plus faire de l’écrit vain. Je peux désormais prendre cette spirale ascendante qui m’emporte vers d’autres sphères. Durant mon voyage, je suivrais les oiseaux, je sais que je peux faire confiance aux cygnes…

©Stéphane Lvq – 12/12/2020

Photo : The Creatrix – Andrew Gonzales

4 réflexions sur “Jour 269 – La spirale (Épilogue)

  1. tant mieux ! parfois les mots ectrits avec votre encre semblaient avoir la lourdeur des eaux saturniennes !

    quant aux cygnes, elles portent le chariot d’Apollon sur la voute diurne, la ou les mots deviennent lumiere

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  2. Merci pour votre retour. Mes encres et mon journal de confinement m’ont permis d’aller au plus profond de moi-même et d’aller au-delà de mes limites.

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    1. Ça a été l’invitation au voyage dont parlent les poètes….franchir les colonnes d’Hercule, c’est à dire là où le monde connu finissait – au moins pour les grecques . On se (sus)pende pareil à l’homme dessiné sur les anciennes cartes de Tarot , le seul capable d’opérer un retournement de soi-même en jouant l’acrobate!

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  3. Ah Le pendu, un très bel arcane qui invite à l’écoute. Le pendu, c’est un pas sage que l’on fait. L’apprenti devient artisan en franchissant ces colonnes. En parcourant la suite de son chemin, il ira jusqu’au monde où il deviendra Mat… (Tiens, comme aux échecs!)

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