Jour 229 – Liberté conditionnelle

C’est compliqué en ce moment, me direz-vous. Que l’on soit en activité ou non, seul, en couple, avec ou sans enfants, la situation que nous vivons en ce moment est loin de nous réjouir. Au premier confinement, on passait à l’heure d’été. Les jours grandissaient, la nature était en train de s’éveiller. Il y avait un virus qui circulait sur la planète et malgré la ruée dans les supermarchés, on avait un bon moral. Depuis, le temps est passé, on est sorti et nous avons profité de l’été. On avait chaud sous nos masques, le virus semblait être loin derrière nous, anéantit par la canicule. Mais nous nous trompions, celui-ci semble être revenu à temps pour la rentrée.

Quand je repense au temps où nous avions ni gel, ni masques, le danger était de partout, mais on s’en sortait plutôt bien. Mais depuis la rentrée, avec nos gestes barrières, il semblerait que l’on s’est construit des barricades. Où est passé l’unité sociale et ces grands idéaux que l’on nous vantait auparavant ? Depuis quelque temps, je me pose pas mal de questions. Afin de me préserver, j’ai coupé tout contact avec les médias afin de me préserver mentalement. Je garde toutefois le contact avec une lecture en diagonale avec les grandes lignes afin de me mettre à jour, mais le peu que je peux y lire n’aide pas vraiment. Les professeurs se font décapiter, les prêtres se font tirer dessus quand des dingues ne rentrent pas dans les églises pour y déchaîner leurs haines. Quand je lis tout ceci, je me dis que ce monde est devenu fou et que cette crise sanitaire ne fait qu’amplifier nos vieux démons.

Qui peut rester sain d’esprit en portant un masque à longueur de temps ? Et puis, comment peut-on surtout rester sain d’esprit quand on nous supprime peu à peu tout ce qui pouvait nous aérer la tête ? Les concerts, les festivals ont été annulés, puis il y eut le couvre-feu, la fermeture des établissements de nuits, des cinémas, des théâtres. Et puis, il y eut cette annonce mercredi dernier, ce reconfinement…

Depuis nos petits commerces sont en sursis et j’ai la terrible impression d’être en liberté conditionnelle… Pas le droit de sortir, si ce n’est pour aller au travail, à l’école, chez le médecin ou pour un impératif administratif. Cette ambiance, cela ne fait rêver personne. Surtout en plein mois de novembre où la grisaille s’installe avec son changement d’heure qui semble remettre les pendules à l’heure. En effet, c’est plutôt compliqué pour tout le monde…

Malgré tout cela, je fais acte de résistance. Je ne jugerais personne, ne condamnerais pas non plus. Je continuerais à ne pas faire de différence, malgré les tristes mines que je devine sous ces masques. Dans cette histoire, nous ne sommes coupables de rien. Nous n’avons rien à nous reprocher, nous avons fait de notre mieux depuis ce mois de mars et nous pouvons relever fièrement la tête. Car oui, les amis, notre devoir en ce moment est de reprendre haut et fort le débat afin que l’on retrouve notre liberté…

Texte et Illustration : ©Stéphane Lévêque – 2 novembre 2020

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Jour 206 – Expression

Il ne faut pas s’en vouloir d’exprimer ce que l’on ressent. Cela fait parti de nous et enfermer des choses ne fait que nous enfermer sur nous-même. L’expression est un besoin simple et tout à fait naturel. Il ne faut pas en rougir.

Parfois, cela peut sembler compliqué de le faire. Mais en fait, si on ne le fait pas par peur de blesser les autres, on se fait surtout du mal à soi-même. Si on ne s’exprime pas, cela signifierait que l’on se contient et que l’on ne peut pas être qui on est sincèrement.

L’expression est une chose difficile à apprendre. Cela fait partie de notre apprentissage dans notre quête intérieure. Cela permet également de dire ce que l’on veut mais aussi ce que l’on ne veut plus dans nos vies. Alors, à une époque aussi compliquée que celle que nous vivons actuellement, devoir porter un masque continuellement, on peut avoir la sensation de se sentir bridé dans notre expression.

Le masque peut aisément s’assimiler à une muselière que l’on nous impose. Mais il est un fait indéniable : « On ne peut rien s’imposer à soi-même, ni aux autres » Seule la loi peut faire cela et celle-ci permet de nous réguler afin de créer un « vivre ensemble » plus ou moins agréable.

Cela peut se comprendre qu’avec un masque on peut avoir la sensation d’étouffer et que s’exprimer devient alors un acte libérateur. On se retrouve certainement plus francs dans nos échanges, nous mettant ainsi à nus mais nous rendant également libres et honnêtes. Ainsi, nous refusons ce qui ne nous correspond pas, mais acceptant aussi ce qui nous fait plaisir.

Ces petits moments qui nous font sourire prennent alors toute leurs valeurs. Nous prenons alors conscience que ce sont eux qui construisent nos vies et surtout notre bonheur. Celui-ci se vit à la bonne heure. Et même si ces instants peuvent sembler rares, il ne tient qu’a nous de les accepter mais surtout de les apprécier…

Texte et illustration :©Stéphane Lévêque – 10 octobre 2020

Jour 196 — Métamorphose

Il faut bien avouer que l’époque que nous vivons est loin d’être glamour. On aurait pu espérer mieux. Le spectre du virus est encore bien présent ainsi que la paranoïa qui va avec. Tout se ferme, restaurants, salle de sport, les concerts s’annulent les uns après les autres et le masque devient pour certain de plus en plus lourd à porter. L’ambiance qu’il règne ne fait pas rêver…

Sans être confiné, sortir le soir ou voyager devient impensable, car les portes des établissements sont closes par les décisions gouvernementales. Cela est très frustrant, l’envie est là, mais pour causes de raisons sanitaires, la liberté prend le goût amer de l’interdit.

Le trauma du confinement est encore là, bien présent en chacun de nous. Cette épreuve, nous l’avons tous vécu et nous ne l’avons pas vécu de la même façon. Cet isolement fut un révélateur pour nous tous. Il nous a révélé qui nous étions, ce que nous voulions réellement et surtout vers où nous désirions aller.

Lentement, la chrysalide nous a bouleversé en changeant nos habitudes. Sans en avoir conscience, nous nous sommes transformé, allant vers ce que nous voulions être. Pour ma part, la métamorphose fut redoutable. Il y eut les changements dans ma façon de voir le monde, dans ma façon d’être avec les autres, et puis dans la relation que j’avais avec moi-même…

On m’a dit souvent qu’il ne fallait pas que je m’oublie. Je ne savais pas ce que cela voulait dire réellement. J’ai si souvent donné de ma personne en écoutant leurs problèmes, à les conseiller, que ce soit dans ma vie personnelle, professionnelle ou associative, j’ai tout donné aux autres qu’il ne me restait plus rien. A force de penser aux autres, je m’étais complètement oublié. Je comblais un vide par des occupations que je ne faisais même pas pour moi.

Cela peut sembler égoïste de ma part, surtout à une époque où l’on a besoin de resserrer les liens qui nous unis. Mais, penser à moi afin de ne plus m’oublier, j’en ai besoin en ce moment. Bien sûr, comme vous tous, je suis limité dans les actions que je voudrais faire. J’aimerais sortir, voyager, retourner en salle de sport, mais tout se ferme peu à peu avec cette crise sanitaire qui dévie progressivement en une crise psychologique.

N’ayant pas d’autres choix que de prendre mon mal en patience, je continue progressivement ma métamorphose. CV, compte Linkedin, envoi de candidatures et consultation d’organisme de formation afin de me réorienter professionnellement. De l’autre côté, j’ai repris l’écriture ainsi que le dessin afin que l’artiste puisse s’exprimer plus librement. Et puis, il y a ce projet qui me tient à cœur depuis des années que je suis en train de réaliser : celui de ma propre société. Depuis le temps que je fabrique mes propres encres, que j’écris ou photographie pour les autres, il est temps pour moi que je récolte le fruit de mon travail. De plus, mes encres commencent à se faire connaître progressivement via mon réseau qui s’étend désormais jusqu’au marché de la création lyonnais où bon nombre d’artistes ont pignon sur rue.

Ce temps qui m’est offert est une belle occasion afin de mettre en œuvre mes projets. En attendant que ceux-ci se réalisent, la métamorphose continue. Vers où je vais réellement, je l’ignore. Mais en tout cas, ce qui est sûr, c’est que je vais vers une version améliorée de moi-même et enfin devenir celui que je suis réellement…

©Stéphane Lvq – 30 septembre 2020

Jour 151 – Les jours d’après…

Le temps du confinement semble loin, mais si proche également. Depuis le 11 mai, jour de notre liberté conditionnelle, la menace d’une rechute plane au-dessus de nos existences comme un vieux fantôme. Nos bonnes vieilles peurs ressurgissent et nous repoussent dans nos retranchements. Rentrer dans les cases, ne pas dépasser le trait, ne pas oublier de se laver les mains et surtout porter ce masque afin que ton sourire ne soit pas contagieux. C’est mal d’être heureux quand il y a une pandémie qui risque d’anéantir l’économie de ton pays. Alors, il faut suivre les rangs, afin que l’on soit bien gentil, que l’on ne pense pas trop, alors on nous addicte, car une personne addictée est une personne à dicter.

Rien de plus facile que de manipuler par la peur, éreinté par la chaleur de la liberté conditionnelle estivale. Gel, masque et canicule, voici bien là le cocktail de ces dernières semaines. Au loin, septembre se profile avec sa sempiternelle rentrée, du retour à la normale. Mais on oublie que cette année est tout sauf normale et heureusement.

Souviens-toi qu’avant le mois de mars, nous vivions dans une société à bout de souffle. Plombé par la misère, l’injustice, nous vivions dans l’indifférence. Et puis, il y eut cet instant où la vie dans les rues se sont arrêté, les ruées dans les supermarchés, cet engouement soudain pour le papier toilette, le bal des ambulances, les urgences saturées, le manque de respirateurs et tous ces héros du quotidien jadis invisibles qui se faisaient applaudir tous les soirs à 20H.

Puis les fauves furent lâchés dans cette jungle urbaine. Nous avons vu les masques jetés à terre, des conducteurs de bus agressés, des jeunes filles écrasées, l’incivilité et la violence dans leurs plus grandes splendeurs. Ce monde a-t-il changé ? Bien sûr que non. Notre société est restée la même, ce n’est que notre vision qui a évolué. J’aime à penser que nous n’avons plus l’envie de rester indifférent à ce qu’il se passe autour de nous. Le commun devient « comme un » afin que la distance nous permette de comprendre le sens de l’unité.

Ce monde d’après que nous attendions n’est pas encore arrivé. Le téléchargement du nouveau logiciel va prendre un peu plus de temps que prévu. D’ailleurs, je doute fort que le programme que l’on nous propose soit au goût de tous et surtout que l’on se mette d’accord sur celui-ci.

Ce Covid, c’était mon troisième apocalypse que je vivais après celui du bug de l’an 2000 et celui des Mayas qui n’osent plus venir nous vendre leurs calendriers. Alors, afin de vivre pleinement ce monde d’après, je dépose mon armure, mes armes et mon bouclier afin de reprendre mes pinceaux, et surtout l’écriture. Je vous laisse les préoccupations de l’après qui n’est pas encore arrivé et qui en passionne plus d’un.

Pour ma part, je garde auprès de moi l’instant présent. Je vous laisse également le passé et proclame ma liberté absolue. Et pour toi qui lis ces quelques lignes, je laisse ici une porte entrouverte si tu veux venir t’échapper avec moi et enfin s’autoriser ce qui auparavant nous semblait dément, se foutre de ce monde qui lui est complètement fou…

Texte, dessin et photo : ©Stéphane Lévêque – 16 août 2020

Jour 47 – Beltane

Jour 47,

C’est sous un ciel pluvieux qu’une page du calendrier vient de se tourner. C’est le mois de mai qui commence, et avec lui, les promesses de jours meilleurs semble l’accompagner. Pour nombreux d’entre vous, le premier mai, c’est la fête du travail et le brin du muguet que l’on offre afin de porter chance. Mais, ce jour est lui aussi issu de l’éphéméride celte que j’effeuille et vous dévoile peu à peu au fil du temps.

Aujourd’hui, c’est Beltane (ou Beltaine). C’est l’instant qui marque la fin de la saison sombre et le commencement de la saison claire. Ce nom vient des feux de Belenos (connu également sous les pseudonymes d’Apollon, Phoebus, Hélios, Hyperion et bien d’autres…) qui étaient célébré lors de la première pleine lune de mai (cette année, c’est le 7 mai).

La tradition voulait qu’à cette époque, que les Druides allument des feux qui avaient des vertus sacrées et surtout purificatrices. Les hommes y faisaient passer, entre ces feux, leurs bétails afin que ceux-ci soient protégés des épidémies. Bien sûr, certains de ces animaux étaient sacrifiés puis donnés en offrandes aux dieux afin que la saison soit sous de bons auspices. Un mât orné de rubans y était planté dans le sol, chacun y dansant autour, puis sautant au-dessus du feu afin d’obtenir les faveurs de protection mais également de fertilité.

Cette période qui débutait marquait le début des activités pour les hommes. Les fermiers pouvaient cultiver leurs champs et faire paître leurs bétails. Les chasseurs retournaient dans les forêts pour chasser le gibier et les guerriers reprenaient le chemin des champs de bataille afin de conquérir de nouveaux territoires.

Mais un rituel de l’époque se démarque en cette période très particulière. Dans l’initiation druidique, les futurs druides vivaient un rituel d’enfermement. Enfermés, plusieurs jours, dans des chambres souterraines, que l’on assimile généralement à des dolmens. Ceux-ci en ressortaient pour ce moment précis. Les nouveaux druides pourraient ensuite à leurs tours allumer les feux de Beltane et ainsi faire perdurer cette tradition.

Le calendrier Celte suivait les mouvements du soleil et de la lune. Aujourd’hui, pour des raisons pratiques du calendrier Grégorien, puis Républicain, suivant uniquement les mouvements solaires, la date du 1er mai fut fixée. Cette fête perdit sa connotation sacrée pour devenir celle que l’on connaît aujourd’hui.

Pourtant, dans les temps jadis, cette fête était le symbole de la renaissance. La saison allait durer six mois, jusqu’aux célébrations de Samain (ou Samhain), fête qui est appelée Halloween par ceux qui ont oublié la Toussaint…

Je vous souhaite une belle renaissance, ainsi qu’un bon passage dans la saison claire.

Texte : ©Stéphane Lévêque – 1er mai 2020

Jour 42 – La soif de l’or

Jour 42,

En ce moment, où notre société de consommation semble s’effondrer, assis sur mon canapé, je n’ai pas besoin d’allumer ma télévision. En surfant simplement sur les réseaux sociaux et internet, j’assiste à la foire d’empoigne économique et virtuelle. Les économistes font leurs analyses et leurs prédictions, la vente en ligne coule actuellement des jours heureux, les cagnottes afin d’aider les commerces fleurissent un peu partout et une nouvelle forme commerciale commence à se développer.

Le marketing de réseau, c’est un terme barbare que j’ai découvert depuis peu. La première fois que l’on m’en a parlé, je suis resté sceptique. Le principe était de me parrainer afin que je découvre des produits et que je devienne moi-même consommateur. À partir de là, j’entrai dans la structure. La personne m’ayant parrainé était récompensée, et à mon tour en parrainant, j’étais récompensé. Prime, intéressement sur les transactions directes mais également sur les ventes de nos filleuls, le système semblait complexe et surtout lucratif.

En voyant, cela, je me suis offusqué. Dans ce principe de fonctionnement, je ne voyais qu’un système pyramidal, alimenté par la base qui effectue ses achats et ses ventes, récompensé par un ruissellement qui vient du sommet. Si au départ, je voyais cela comme une arnaque, je comprenais également la stratégie d’une firme américaine qui voulait vendre et surtout développer à l’international ses produits cosmétiques et bien-être. Mais nous ne sommes pas dans une période normale, nous sommes au cœur d’une anomalie temporelle. Le pétrole s’est effondré, les frontières se sont refermées, les dettes sont en train d’exploser, l’offre et la demande s’étant modifiée, une grande question déontologique se pose.

Un bouleversement inédit s’annonce à l’horizon, chaque pays renfermé sur lui-même, fera primer les produits fabriqués sur son territoire. De plus, avec une telle crise, la consommation s’orientera sur la première nécessité. Les deux premiers échelons de la pyramide de Maslow (Voir article précédent) sont les besoins de se nourrir et d’assurer sa protection. Si on peut condamner ce fonctionnement d’un point de vue éthique, si on se met à la place du chef d’entreprise, l’instinct de survie commercial se comprend. Vouloir continuer de produire, de vendre, de créer des emplois, c’est le credo d’un entrepreneur et cela je peux se comprendre.

Hier, j’ai été démarché de la même façon, sur un autre produit, concernant cette fois-ci le secteur du tourisme. Dans les grandes lignes, j’ai reconnu le même principe, le parrainage, un système de points. Bref… Le même schéma ! Mais en écrivant ces quelques lignes, j’arrive à saisir ce qui se dessine à l’horizon. Une guerre ni chaude, ni froide entre l’Amérique, l’Asie et l’Europe. C’est le principe du triangle de Karpman (persécuteur, victime et sauveur) qui se prépare pour les prochains mois. Qui sera le Bon ? Qui sera la Brute ? Qui sera le Truand ? Devant un tel spectacle, la Russie, l’Angleterre et le reste du monde arbitreront ce duel à trois qui risque d’être très cruel…

Texte : ©Stéphane Lévêque – 26 avril 2020

Illustration : Le bon, la brute et le truand – Sergio Leone

Jour 35 – Le cantique et la quantique

« Tôt ou tard, il se creusera un fossé tellement effroyable entre les riches et les pauvres que le chaos s’installera et une autre grande civilisation s’effondrera. L’Amérique est sur la même voie, prouvant encore une fois que l’histoire se répète, car nous ne retenons pas les leçons de l’histoire. Nous ne faisons que mémoriser les dates et les personnages historiques, et non pas les leçons qu’elle enseigne » – Robert Kiyosaki (Père riche, père pauvre) 1997

Jour 35,

Tout autour de moi, je vois les esprits s’échauffer. Être confiné ou ne pas être confiné, telle est la question. Si Facebook est un bel outil de partage et de communication, depuis quelque temps et surtout actuellement, ce réseau social ressemble à un véritable trou noir. Tout y trépasse en ce moment, du débat sur la Chloroquine en passant par le gouvernement ou la politique internationale, des millions d’internautes s’improvisent spécialiste en épidémiologie ou en stratégie économique. Je n’ai pas les compétences nécessaires pour parler de ces sujets et je dois bien avouer que cela ne m’intéresse pas. Sur ce site, je préfère échanger avec des personnes que j’apprécie, diffuser mes photos, texte et expériences.

Si la tentation est grande, depuis le début du confinement, je passe moins de temps sur les réseaux sociaux. Je n’allume quasiment pas ma télévision, pour les informations, je préfère les médias radiophoniques. J’écris de plus en plus souvent, mais aussi parallèlement, j’utilise internet afin de m’instruire et apprendre de nouvelles choses. Depuis semaine, mon salon commence à ressembler à un bureau où je passe la majeure partie de mon temps.

Cette période est si fascinante ! Cet isolement général met en relief tous les aspects de notre société, mais devant l’inconnu, ce sont toutes nos peurs et nos angoisses qui semblent prendre le dessus. Je dois avouer que mes nuits ne sont plus les mêmes. Bien que je m’endorme assez facilement, je me réveille assez fréquemment. D’étranges rêves où ce que j’ai lu ou appris dans la journée s’assimilent la nuit. C’est une sensation très étrange, j’ai l’impression que c’est un homme nouveau qui se réveille chaque matin.

Le fait de tenir ce journal régulièrement me permet de laisser des marques dans mon processus de métamorphose mais également dans celui de mon environnement proche. Mais ce qui est le plus étonnant, c’est que mon rapport avec le temps qui était déjà peu commun s’est encore modifié. En quelques semaines, j’ai la sensation d’avoir vécu plus d’un siècle. La période que l’on a vécu avant tout cela me semble très lointaine, comme un ancien souvenir d’une ère archaïque et barbare.

J’aurais pu avoir cette sensation de vivre la même journée, mais non, bien au contraire, en observant tout autour de moi, chaque jour est bel et bien différent. Mon parcours pour arriver jusqu’ici a été très long. Comme beaucoup, j’ai eu mon lot d’épreuves, d’échecs, de joies et de peines. Ces instants m’ont instruit et m’ont surtout permis d’avancer sur mon chemin. Petit à petit, l’être passif et craintif s’est épanoui pour devenir l’homme que je suis devenu. Je dois vous avouer qu’en près de 45 années sur cette terre, j’ai l’impression d’avoir vécu une éternité. Cela implique pas mal de conséquences, j’étais en décalage avec les autres, je n’avais plus de préoccupation, seulement des activités. Mon rapport à l’argent était modeste, je n’avais que peu de besoins et je vivais dans une époque où il fallait toujours plus. Je regardais ce monde tel un extra-terrestre qui était conscient que l’humain n’était pas encore préparé à des rencontres du troisième type.

Trop d’avidité… Le pouvoir, l’argent, le sexe… Tous veulent se distinguer des autres, mais pour y arriver, trop sont prêt à écraser ses semblables. Nous avons vécu une période si sordide et puis, il y eut ce virus… Les cartes sont redistribuées, le monde est en état de chrysalide, je vois et surtout entend les bouleversements qui ne se font pas pour tous dans la douceur. Mais je comprends cela, après des siècles d’asservissement à des dogmes qui n’ont fait que de provoquer la division, l’humanité délaisse ses vieux cantiques pour entrer dans une dimension quantique.

Ce que Robert Kiyosaki démontre dans son ouvrage« père riche, père pauvre », notre rapport à la finance s’explique par ce que j’appelle « Cantique de la soumission et Quantique de la domination ».. L’argent n’est qu’une échelle de mesure, mais la soif insatiable de l’or en a rendu plus d’un complètement fou. Celui-ci n’est pas fixe dans le temps, il circule se place dans deux catégories, nos actifs et nos passifs. Mais notre manière de percevoir notre monde est différente pour chacun d’entre nous. Quand le sage montre la lune, l’imbécile regarde le doigt ! Quel est notre rapport avec D.ieu ? Et si celui-ci n’était pas cette personnalité que l’on a voulu personnifier ? Et si il était l’ensemble ? Que mes amis qui sont fervents pratiquants de toutes religions confondues se rassurent, je ne suis pas en train de blasphémer. Les pratiques de chacun étant régulées sur des calendriers lunaires ou solaires, avec langues, mots et symboles différents, notre manque de compréhension d’une subtilité a provoqué des divisions. Chacun voulant se placer au-dessus de tous afin d’imposer sa vision aux autres, ce qui devait nous réunir n’a fait que causer des siècles de guerres, accentuant encore plus à chaque fois nos oppositions.

Pourtant, nous faisons partie de ce même ensemble. Nous sommes nés sur la même planète, nous avons nos différences qui nous rendent uniques et ce qui continue de nous diviser, c’est notre rapport avec le créateur. Je ne suis pas un grand fan des écrits sacrés, mais j’ai appris à comprendre les coutumes de chacun. Qu’ils soient Chrétiens, Musulmans, Hébraïques ou Bouddhistes, les principes restent les mêmes ce ne sont que les manières de faire qui varient. Je ne dirais pas qu’un écrit est meilleur qu’un autre, mais tous ont ce même point commun, un élément narratif que l’on ne peut vérifier. Il y a-t-il une vie céleste après notre vie terrestre ? Nul ne peut le dire, personne n’est jamais revenu. Si , me direz-vous ! Il y eut ce fils de charpentier qui se nommait Jésus de Nazareth. J’ai beaucoup de mal avec le Nouveau Testament de la Bible qui date du temps de l’empire romain. Je perçois la création de l’Église catholique par l’empereur Constantin comme un acte politique afin de réunir des contrées divisées culturellement.

Peu à peu, au fil des siècles, l’emprise des dogmes religieux s’est affaiblie avec la modernisation. Il fut remplacé par celui des financiers, de la mondialisation. Mais soudainement, notre modèle s’est retrouvé à bout de souffle. En réanimation depuis près d’un mois, celui-ci vit ses derniers instants. Bientôt, notre civilisation va sortir de son cocon et reprendre ses activités. Forte de ses erreurs passées, elle va trouver de nouvelles idées et philosophies et ainsi renaître de ses cendres…

Texte : ©Stéphane Lévêque – 19 avril 2020

Photo : Depositphotos.com

Jour 32 – Un brin d’Alchimie…

Jour 32,

Cela fait quatre jours que je suis chez moi et je dois vous avouer que je n’ai pas vu le temps passer. Entre lecture, écriture , apprentissage de nouvelles discipline mais également recherche, le temps s’est écoulé un peu trop rapidement à mon goût. Aujourd’hui, je reprend le travail du laboratoire afin de créer une nouvelle couleur avec une plante assez peu connue et pourtant courante: La bourdaine!

La Bourdaine, contrairement à ce que l’on pourrait penser, n’est pas le féminin de J.J Bourdin qui officie sur RMC. La Bourdaine, appelée également par les botanistes « Rhamus frangula », est généralement utilisée pour son écorce aux vertus purgatives. Mais ce qui m’intéresse, c’est que j’utilise cette même écorce pour son tanin qui est utilisé aussi en teinturerie.

La macération (50g dans 75cl d’eau déminéralisée)
Le sulfure de fer est le mordant que j’utilise le plus souvent. Il s’obtient par le mélange de fer et de soufre, c’est un désherbant courant qui est peu nocif pour l’environnement. J’utilise parfois le sulfure de cuivre, mais aussi l’alun de potassium. Cela me permet d’obtenir d’autres couleur. Mais le cuivre étant plus agressif, je ne l’utilise que pour la réalisation du vert. L’alun, lui me permet d’obtenir des couleurs vives avec des tanins plus colorés (comme le rouge, le jaune ou des tons violacés)

Je viens d’utiliser mes derniers centilitres de gomme arabique afin de réaliser cette nouvelle couleur. Je me retrouve avec un joli marron avec l’ajout de sulfure de fer, qui assez proche de mes précédentes expériences avec le brou de noix. A la différence, c’est que ce coup-ci, j’obtiens un marron lumineux et surtout avec une couleur profonde.

Vous me direz, mais Steph: « Que fais-tu de ces encres? ». Mon réseau d’artiste commence à s’étendre, et certains l’utilisent depuis longtemps. Réaliser une couleur me permet surtout de trouver une nouvelle teinte à ma plume et surtout de trouver de nouvelles dimensions à mes écrits.

Texte et Photo : ©Stéphane Lévêque – 16 avril 2020

Jour 31 – En attendant la lune rousse…

Jour 31,

En quelques jours, beaucoup de choses ont changé. Les énergies ne sont plus les mêmes, en particulier depuis lundi 20 h 02. C’était il y a deux jours, tous devant leurs écrans de télévisions écoutaient ce que disait le Président. Étrange annonce, qui fut faite un lundi de Pâques, semblant annoncer une résurrection. Une date, un point de repère sur un calendrier. Le 11 mai, le premier jour des saints de glaces, mais qu’importe que le temps soit pluvieux ou plus jeune. Le 11 sonne comme un jour de libération pour certains, mais aussi comme un jour d’inquiétude pour d’autres. En attendant ce jour, on s’organise. On planifie, on prépare des réunions afin de préparer cet après qui n’arrivera que dans 26 jours.

Le compte à rebours est donc lancé et déjà tous se préparent sur les starting-blocks afin d’être prêts pour ce nouveau départ. Après deux mois de friche, l’économie va vouloir reprendre. Ce sera la fin de la trêve. L’activité reprendra progressivement et l’homme fera face à sa nature. Nous assisterons certainement à une querelle d’ego politique sur un fond d’idéologie et de philosophie qui risquent de faire remonter certaines idées nauséabondes. Tout ça pour avoir le pouvoir, pour imposer sa vision de l’avenir. Le pouvoir qu’en ont-ils fait ? Et nous qu’en ferons-nous ? Même si la démocratie semble être faite de maux crasseux, une organisation est nécessaire afin que le chaos ne prédomine face à l’ordre. Irons-nous vers des alliances inédites ? Je l’espère sincèrement.

Ce monde a assez eut son lot de violence, de guerre et de destruction de masse. Assez d’inégalité et de pressions de tout côté. Oui, un nouveau monde est possible ! Mais après être sorti de sa zone de confort, la lune rousse va être redoutable cette année.

Sachant que l’on est resté confiné pendant près de deux mois, que l’économie est en jachère après une pandémie d’ampleur mondiale, que notre vision de l’avenir est embrumée par nos doutes. De plus après 11 jours d’enfermement, pas toujours évident pour certains, nous avons été soumis à des tensions psychologiques importantes. Durant cette période où nous étions dans le doute, nos capteurs sensitifs, excités par la peur, nous ont rendu plus réceptif à de nouvelles choses. De plus, notre métabolisme, sensible aux perturbations électromagnétiques causées par notre technologie, mais aussi par celles provoquées par notre planète et notre soleil, des changements imperceptibles se sont opérés en chacun de nous. Notre corps est composé de 65 % d’eau, et nous savons que la lune à une influence sur cet élément. Une zone de turbulence est donc à prévoir et j’espère de tout cœur que celle-ci sera de courte durée.

Je n’ai pas envie d’assister à des scènes de violence, ni de voir mon pays entrer en guerre avec un autre. Nous avons vécu déjà assez de conflit, car même nos territoires n’ont pas été épargnés. Il y eut ces guerres économiques, sociales et culturelles. Nous avons vécu ensemble comme si l’autre était l’ennemi. Nos différences nous ont divisés, mais durant un temps, une trêve provoquée par un virus, nous avons été réunis.

Ce virus n’a fait aucune distinction. Il s’en foutait de notre niveau social, de notre couleur de peau, de notre religion ou de notre idéologie. Le Covid s’est répandu, n’épargnant personne. Il nous a divisé en nous forçant à nous isoler chacun de notre côté, mais en même temps, il nous a réunit. Il a su provoquer cet instant paradoxal où le temps humain s’est arrêté. En nous asphyxiant, il nous a permis de reprendre notre souffle avec un air beaucoup moins pollué. Il a modifié notre perception de notre monde. Alors n’oublions pas ces épreuves que nous avons traversées, le devoir de mémoire est certainement celui qu’il ne faut pas oublier. Car pendant tout ce temps passé, nous avons mûri, nous avons évolué, changé nos perceptions et tout s’est conjugué. Le jeu de la vie vient de changer ses règles, et le « Je » s’est transmuté en « Nous »

Texte et Photo : ©Stéphane Lévêque – 15 avril 2020

Jour 27 – Ostara

Jour 27,

Nous arrivons au jour de Pâques. Si pour beaucoup, cette célébration est liée au Christianisme, il y a un fait étonnant. Pâques sera toujours célébré le dimanche suivant la première pleine lune après l’équinoxe de printemps. Cela s’explique simplement par les origines païennes de cet évènement.

Ostara, ou la fête de la Dame de l’aube, également appelée Eostre ou Eastre se retrouvera dans les langues germaniques (Ostern) et saxonne (Easter). La tradition voulait que l’on célèbre la fertilité de la Nature par deux symboles qui sont encore repris aujourd’hui et que nous connaissons bien, l’oeuf et le lièvre ( ou le lapin). La cloche ne sera ajoutée au symbolisme que par le Catholicisme qui reprendra ce calendrier afin de célébrer à ses fidèles sur ce ton. Non ! Pas de Boogie Woogie avant de faire votre prière du soir ! Ostara, ce n’est pas très catholique, ni très orthodoxe ! C’est purement et simplement, une autre célébration issue des anciennes traditions qui survenait plus ou mois 40 jours après Imbolc (Chandeleur).

D’ici quelques jours, le 23 avril, une phase lunaire importante va arriver. Ce sera la nouvelle lune ! Ce sera le temps de la fameuse « lune rousse ». « En lune rousse, rien ne pousse ! », répètent les anciens dictons. Et pour cause, nous sommes à la dernière lunaison de la saison « sombre ». Les Païens n’avaient que deux saisons, une lumineuse et chaude de Beltaine à Samain ou du 1er mai au 1er novembre, et une sombre et froide de Samain à Beltaine ou du 1er novembre au 1er mai. Cette période serait celle où le risque de gelée est encore importante que nous répète un autre dicton populaire : « En avril, ne te découvre pas d’un fil… ».

Le risque de gelée était si important, que celle-ci provoquait des rousseurs sur les bourgeons et les feuilles des jeunes pousses. Ce sont encore les croyances populaires qui ont assimilé le fait de voir un ciel nocturne dégagé et donc l’astre lunaire à ce phénomène naturel. Seul un ciel couvert pouvait protéger les plantations faites lors du mois d’avril, car cela signifiait qu’il n’y allait pas geler.

Mais il y a une différence entre la « pink moon » anglo-saxonne et la lune rousse. La première désigne la pleine lune d’avril, tandis que la seconde est celle qui débute après Pâques. Cette lunaison commence en avril et se terminera en mai. Lors de sa pleine lune (7 mai), ce sera une autre fête qui pourra être célébrée. Ce sera celle de Beltaine, le début de la saison chaude et lumineuse, même si quelques jours plus tard, un autre croyance populaire datant du Moyen-Âge et que l’on appelle « Saints de Glace » (St Mamert, St Pancrace et St Servais – 11, 12 et 13 mai) qui reste liés à l’aspect de ce cycle lunaire, marquera la fin du risque de gel. La lune rousse, se clôturera à sa nouvelle lune (22 mai). Nous serons en phase encore une fois avec une autre fête catholique, ce sera le jour de l’Ascension…

Comme quoi, nous ne faisons encore et toujours, et cela depuis la nuit des temps, que célébrer les cycles de vie, rythmées par le soleil mais aussi la lune. Tout simplement !

Texte : ©Stéphane Lévêque

Illustration : Dreamstime.com