
Jour 6
Cet après-midi, je suis de service et je vais retrouver la ville. Rien n’aura changé, les rues, les bâtiments, les monuments, tout sera à la même place. Il n’y aura pas âme qui vive, si ce n’est que quelques travailleurs, agents du service public et quelques zombies. Dans les regards, j’y croiserai beaucoup d’inquiétudes et d’angoisses. Si les premiers jours sont faciles et d’une humeur légère, au fil du temps l’ambiance s’alourdit.
Le temps est à l’introspection, mais également à l’anticipation.
Nos besoins de demain ne seront plus les mêmes que ceux d’hier. Les tracés directeurs de notre futur ne peuvent s’écrire avec des idéologies du passé. Nous assistons en ce moment à la fin du système capitalisme et j’ai l’audace que nous allons assister à la naissance d’un système coopératif. Notre confinement nous isole les uns des autres, mais en ce moment même, nous restons réunis par la toile du web.
Internet qui n’était pas très net, nous permet de communiquer, d’échanger, de s’informer, de partager. Nous pouvons nous instruire, apprendre de nouvelles choses. Qu’allons-nous faire de ce temps? Rester avachi à se morfondre dans son canapé ne sert à rien. Nous surconsommions, la dette alimentaire était en avance, années après années.
Si j’ai la chance de vivre seul dans un confortable T2 de 47 m2 qui borde un parc de 11 hectare de verdure, je sais très bien que ce n’est pas la même chose pour ceux qui vivent à plusieurs dans un studio.
Cette photo que je partage date de deux ans. Mais en la revoyant ce matin dans mon fil d’actualité, j’ai l’impression que c’était il y a une éternité. C’était le temps passé et qui ne reviendra plus, et le temps à venir nous invite à avancer vers l’inconnu. Je sais que nous sommes nombreux à savoir faire preuve de créativité et d’imagination. Et si nous devons vivre dans l’instant présent, anticiper pourrait nous permettre de nous relever plus aisément.
©Stéphane Lévêque – 21 mars 2020